La suprême magie

Il était une fée qui prenait son repos,
Après avoir fini sa tournée des berceaux,
Lorsque soudain toqua une vieille sorcière
Pour la solliciter, plaintive et grimacière.
« J'aimerais tant, dit-elle, aller dans ce château
Où l'on danse plaisamment au rythme du flûteau !
Mais il faut forcément pour être admise au bal
Se présenter masquée en air de carnaval !
Or je ne connais point les règles de l'élite
Occupée que je suis, le nez dans mes marmites !
Vous avez maintes fois sauvé des cendrillons
En métamorphosant leurs pauvres cotillons,
Ayez un peu pitié de ma situation,
Puisque je souffre fort de ma réputation !
- Pourquoi vous déguiser ? lui répondit la fée,
Votre seule apparence y fera son effet :
Venez comme vous êtes en habits de sorcière
Qui par leur disgrâce vous mettront en lumière,
Car n'est-ce pas magie que de se faire passer
Pour ce qu'on est vraiment sans être déguisée ?
Nul besoin d'ornement, non plus de poudre aux yeux,
Pour connaître ce soir un succès prodigieux ! »

N'ayant lors d'autre choix que de lui faire confiance
La sorcière salua avec reconnaissance,
Et puis se présenta tout en haut du perron
Non sans appréhender un retour de bâton.
En guise de succès ce fut une victoire
Qui lui fit savourer l'ivresse de la gloire :
On la félicita, on lui fit compliment
D'avoir eu tant d'audace en cet accoutrement.
Elle était à coup sûr bien plus vraie que nature
Dans ce déguisement qui avait fière allure !
Quelle fabuleuse idée était-ce de venir
En tenue de sorcière hideuse à défaillir,
D'avoir si bien imité son aspect repoussant
Jusqu'à lui emprunter son rictus menaçant !
Aussi le lendemain notre vieille édentée
S'empressa de trouver la bienveillante fée,
Pour la dédommager d'avoir fait des merveilles,
En lui faisant présent d'une soupe d'oseille.

Épris de naturel et de simplicité
Vous en retiendrez donc cette moralité :
Les sorcières d'antan et les fées d'autrefois
Ont gardé tous ces charmes qui nous laissent pantois,
Ainsi que les secrets de tous leurs sortilèges
Dont les simples mortels n'auront le privilège,
Sans regret ni envie, parce qu'en vérité
La suprême magie est l'authenticité.

texte écrit par 23.CCL.Anonyme23

Le début d'une histoire

« Chaque fois qu’un enfant dit : « Je ne crois pas aux fées », il y a quelque part une petite fée qui meurt ». Il adorait cette phrase tirée du livre « Peter Pan » de James Barrie, son livre fétiche depuis tout petit. Depuis, il rêvait d’être écrivain célèbre, conteur de magie et de fantaisie. Mais pour le moment, à part le vent glacial qui s’engouffrait dans sa minuscule pièce à vivre nichée sous les toits
de Paris, il n’avait pas beaucoup avancé dans la vie. Il avait déjà plusieurs fois essayé de franchir le monde réel pour passer dans l’Autre. Il avait essayé l’opium et même l’absinthe car il avait entendu dire que cela faisait apparaître des fées vertes. Mais rien n’y faisait. Il ne pouvait s’empêcher de penser qu’à sa naissance ce n’était sûrement pas des fées qui s’étaient penchées sur son berceau
mais plutôt des trolls véreux et pernicieux...
À trop penser à sa pauvre vie désastreuse, il n’avait pas prêté attention aux grosses gouttes de pluie qui commençaient à transpercer sauvagement le toit que lui servait de refuge. Son livre préféré se retrouva trempé en quelques secondes ; trop tard pour le sauver. L’encre avait coulée et le livre était gorgé d’eau. De rage, il l’envoya s’écraser contre le mur et toutes les feuilles volèrent dans la pièce.
Cette fois, s’en était trop. Le poids de ces dernières années laborieuses et solitaires l’écrasait. Il se recroquevilla dans un coin de la pièce et se mit à pleurer. Ses larmes tombèrent sur des pages volantes devenues papier mâché. Soudain, les lettres se mirent à scintiller. Il ferma les yeux, pensant à une hallucination. Cependant, lorsqu’il les rouvrit il n’était plus dans sa chambre. Il était assis par terre, au pied d’un majestueux saule pleureur. L’herbe sous ses pieds était soyeuse, d’un vert
éclatant, tout comme la couleur des fleurs, des arbres et du ciel atour de lui.
Il lui semblait qu’il était dans un rêve tellement tout était beau et féerique...
Soudain, il sursauta. Il n’avait pas vu les deux petites créatures qui lui faisaient face. L’une était une sorte de petit troll grassouillet avec un gros nez rond et des yeux globuleux. L’autre était une jolie fée, ondulant l’air avec ses petites ailes dorées qui faisaient danser ses cheveux acajou. Tous deux lui arrivaient à peine aux genoux mais ne semblaient pas effrayés. Au contraire, ils le contemplait en
souriant. Lui-même, et malgré le fait de de ne pas savoir où il se trouvait n’éprouvait bizarrement
pas la moindre peur...
Le troll prit la parole le premier :
- Alors c’est lui le morveux qui pense qu’on est véreux ?
- Morveux ? Excusez-moi...monsieur tenta-t-il, j’ai bientôt trente ans !
Les deux créatures éclatèrent de rire. La fée, qui avait une jolie couronne de fleurs sur la tête parla d’une voix douce :
- Tu en as mis du temps pour venir. Ne pleures-tu donc jamais ?
Pleurer ? Pourquoi diable cette fée sortie de nulle part lui demandait-il s’il pleurait ? Il se gratta la tête, se pinça, s’écarquilla nerveusement les yeux pensant être en train de rêver. Rien n’y fit.
- Que... quoi ? Mais qui êtes-vous ? Et où suis-je ?
Le paysage avait beau être féerique, la situation commençait à l’agacer.
Les deux créatures se rapprochèrent : « Il n’est pas très futé » entendit-il dire le troll à la fée.
Elle prit à nouveau la parole :
- Tu es un... messager. Comment crois-tu que les contes de fées ont-ils pris vie dans votre monde ? Penses-tu vraiment que cela sort de l’imagination des humains?  Non, c’est nous qui choisissons quelles histoires sont racontées dans vos livres, et qui les écrira. Si vous les élus, êtes assez sensibles pour pleurer un jour, vos larmes vous amènent ici. Elle deviennent magiques. Votre sensibilité et votre croyance, c’est votre épreuve pour arriver jusqu’à nous. Certains ont échoué. Toi
tu as mis... un peu de temps, dit-elle dans un clin d’œil.
- Alors, je suis vraiment digne de devenir écrivain ?
Son cœur s’allégea. La situation le dépassait et pourtant au fond de lui, quoique cela puisse être, il sentait qu’elle disait la vérité et que c’était son destin d’écrire un jour.
- Bien sûr ! D’où penses-tu que vient cette obsession pour notre monde ? Nous t’avons choisis dès la naissance. Ton destin est d’écrire nos aventures, nous te donnons seulement un petit coup de pouce. Si le peuple humain ne croit plus en nous, nous cesserons d’exister...
Cette dernière phrase lui rappelait celle de son livre préféré. L’auteur de ce dernier s’était t’il déjà tenu ici avant d’écrire « Peter Pan » ? En son for intérieur il en était persuadé alors il décida de garder cette pensée positive pour lui . La fée, imperturbable, continuait de parler :
- Pour survivre, il nous faut sauvegarder l’imaginaire et le rêve chez les humains. En retour, votre vie est remplie de féerie. Nos deux mondes s’entraident à mieux vivre... mais cela doit rester secret.
- Mais comment pourrais-je écrire sur vous si je dois garder ça secret ?
Les deux créatures se regardèrent, puis la fée claqua des doigts et brusquement, il s’endormit. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il était de nouveau dans sa pièce miteuse, sous les toits de Paris. Il avait l’impression d’avoir dormi des heures, mais d’avoir fait un joli rêve. Le soleil avait reparu, il pouvait sentir sa douce chaleur à travers les tuiles pleines de trous et de mousse. Ses yeux se posèrent sur son livre favori. Bizarre. Il était sûr que ce dernier était tombé en friche lors du violent orage. Mais quand avait eu lieu cet orage ? Et comment son livre pouvait-il être intact ?
Il avait du mal à se remémorer les dernières heures. Le livre semblait différent . Il le prit dans ses mains et soudain son cœur s’accéléra. Il y avait toujours la même image féerique imprimée sur la couverture mais le tire avait changé. Il pouvait désormais y lire :
« Tome I : Chroniques & aventures du peuple de Lumis », par Thomas Kurt.
Il avait écrit son premier livre. Enfin... presque !

texte écrit par 21.CCL.Anonyme21

MARFA la chamane

Marfa avance sur le chemin. Son pas tellurique en soulève la poussière. Après les temps glacés de l'hiver sibérien, le printemps est arrivé, brutal et chaud. Ce matin, elle a enduit son visage et sa chevelure grisonnante d'un onguent aux herbes des marais et les insectes vibrionnants de la steppe ne l'agressent pas mais la suivent, dessinant un nimbe au-dessus de sa tête. Ce matin, elle a revêtu sa longue tunique brune serrée à la taille par un lien de cuir et ses sandales de paille tressée, insignes de son statu.Ce matin, elle a étreint le bouleau multiséculaire qui lui transmet la voix des esprits. L'enserrant, elle a ressenti la transe et su quelle est sa mission.
Au terme de sa marche, la voici qui se présente à la sentinelle du camp d'Omsk, île misérable de cet Archipel du Goulag où près de deux cents juifs échappés de Pologne au printemps 1940 ont été parqués par les autorités soviétiques.
« Je suis venue pour l'enfant qui est né, il a besoin de moi.
-Qui donc t'a prévenue, espèce de sorcière ? Dénonce le !
-Je le sais, c'est tout. Amène moi seulement auprès de lui et de ses parents, le tailleur Rubin et sa femme Chaja. Sache que le chef du camp sera fâché contre toi si tu n'obéis pas à ma demande. Il connaît mon pouvoir et respecte ma science. »
Et dans ce coin de terre inhospitalière, la chamane sourit, constatant une fois de plus que son savoir ancestral impressionne envers et contre tout le garde pourtant formé à l'école des Komsomols. De son pas solennel, Marfa longe les allées du camp , observe les barraques.Au fond de l'une d'elles s'est installée la famille. A son approche, la jeune mère a un mouvement de
recul et le bébé se met à pleurer dans ses bras tremblants. 
« Ne crains rien, je suis Marfa, la chamane. Ton mari me connaît, il a travaillé au bûcheronnage dans notre village. Au risque d'abîmer ses mains de tailleur, quelle pitié. Nous l'estimons tous et moi la première. Laisse moi m'occuper de ton fils, pour le rendre fort. »
La chamane prend l'enfant que lui tend sa mère, le dénude et entreprend de le masser, travaillant ses articulations, lui dépliant les bras, étirant ses jambes, chatouillant son torse, caressant son dos, soufflant doucement sur lui, malaxant ses faibles muscles. L'onguent dont elle imprègne la peau du nourrisson dégage un parfum puissant d'herbes aromatiques. Ni les insectes des plaines, ni ceux des fûtaies, ni ceux des marais ne l'agresseront jamais. Les mains de la chamane se font douces sur le corps gracile du nouveau-né qui lui sourit, tandis que la femme psalmodie dans une langue inconnue, celle de ses lointains ancêtres nenetz. Sa voix se fait rauque dans un antique chant de la taïga. Puis elle rhabille le tout petit. Quand elle remet l'enfant apaisé à sa mère, elle souffle rapidement en russe (et si on les espionnait?) à l'oreille du père.
« Prends cette bourse de cuir à mon cou et absorbes en tout le contenu même si tu le trouves amer. C'est du sel de terre. Interdis à ta femme d'y toucher, son lait se tarirait dans ses seins et cela mettrait l'enfant en péril. Je suis ici pour que vous viviez ; Quand tu auras consommé tout le sel, bois l'eau de cette gourde. Tes chevilles vont gonfler, tes jambes vont enfler et
tu n'iras pas à la guerre, tu resteras auprès des tiens et tu les protégeras. 
-Mais que dis-tu là, Marfa, nous sommes loin du front et le Traité Germano-soviètique nous protège, même ici, dans les conditions que tu connais !
-Chut mon garçon ! Je sais tout du passé et de l'avenir. Le vent, les feuillages me parlent.Fais comme je te dis, Rubin, et vous serez saufs, c'est Marfa la chamane qui te le promet ».
Sur ces mots, le chamane tourne les talons et s'en va, d'un pas extatique.Elle sait qu'il en sera fait selon la volonté des esprits même s'il n'y a pas de mohel pour recevoir cet enfançon. Marfa marche, lasse mais bienheureuse.
Le lendemain, le camp d'Omsk sera démantelé, du moins pour un temps., à la suite de la rupture du Traité Germano-soviétique, les Polonais valides envoyés au combat, sauf Rubin et sa famille expédiés plus loin au Karlag de Karaganda, mais ceci est une autre histoire!

texte écrit par 20.CCL.Anonyme20

Ma petite fée

Ma petite fée,

Ce matin au détour de l'aurore, alors que le linceul bleu de tes rêves vaporeux t'enveloppait encore, que tu flottais légère dans de douces chimères, j'ai croisé un elfe à l'éclat impérieux. De ses yeux de bharal au regard plus aride et sauvage que les terres australes, il a plongé en moi. S'engouffrant dans les brèches de mon antre, il a vite inhalé l'odeur âcre et rancie des caillots de sang noirci qui s'amoncellent sur les pentes de mes failles béantes. Il a dans l’instant subodoré l'immensité de ma douleur et au cœur de mes peines laissé choir ses oreilles dans le flot mazouté qui s’écoule par mes veines, écumant sans repos une perfide rengaine. Celle qui souffle en sourdine, fourbe allure anodine, qu'inéluctable est le sortilège qui m'assiège, qu'éternel sera le piège. Découvrant la misère qui s'installe et qui ère au creux de mes viscères, exhumant en tremblant les meurtrissures de mes chairs, parcourant les décombres enfouis dans la pénombre de mes entrailles suintant des blessures en surnombre, il a lu mes maux sombres comme on déchiffre un livre des ombres.

Alors pris de terreur face au torrent de mes pleurs, appréhendant l'ampleur du maléfice, n'écoutant que son cœur, prêt à livrer sa gnose en sacrifice, il a souhaité m'aider à tenter de déjouer le vice. Livrant tout son savoir qu'il m'a donné à boire, il m'a parlé d'une clé, magique et guérisseuse, au pouvoir plus puissant que tous les onguents. Une clé que je possède, quelque part sur mes terres, une clé qui je l'espère résoudra les mystères. Une clé qu'on détient tous, oubliée et perdue au plus profond des mers de nos âmes desséchées.

N'ayant plus d'autre espoir, je me risque à le croire. Il m'invite au voyage, à marcher sous l'orage, arborant un visage infatigable et sans âge, avec pour seul bagage une montagne de courage, avec pour seul adage la défiance des aigres présages, avec pour seul blindage la cuirasse d’un sage, avec pour unique gage celui de son parrainage. Je prends ma crainte en otage, louvoie vers de lointains rivages, je ne laisserai dans mon sillage aucune trace de mon passage.

Il me faut saisir l’audace par la main, partir sans une liasse en poche, partir sans rien, rester tenace quoi qu’il m’en coûte, la menace est fidèle sur cette route, ne pas flancher sur le chemin, ne pas me retourner vers la glace du passé, le laisser loin, pour ne pas perdre la face de mon destin.

Je m'en vais sur-le-champ, zoner des jours durant, je n'ai même pas le temps de te serrer tendrement. Je pars dans la seconde, sous le tonnerre qui gronde, les éclairs qui m'enserrent et s'écrasent comme tirés par des frondes. Je fuis vers l'espérance, celle qui panse ma souffrance, aux confins de mon monde, avant que la frayeur m'inonde. Je serai téméraire, je traverserai l’austère et glacée forêt des songes, défierai le péril jusqu’au bout de l’exil, j’y affronterai les dangers car semble s'y cache la réponse au malheur qui me ronge.

J'espère te retrouver sous un ciel étoilé ma petite fée, j'espère à mon retour te serrer fort, mon seul trésor. Prends soin de toi en attendant, protège ta clé comme un diamant, car c'est bien toi ma coccinelle qui ensorcelle mon cœur fêlé d’un si léger battement d’ailes, c’est toi qui adoucit mon monde cruel de tes rires au parfum de miel, qui me retient souvent de décrocher la nacelle et de me dissoudre dans le ciel, oui c’est bien toi mon ange rebelle qui renferme mon essentiel. Tu resteras quoi qu’il en soit mon seul autel et mon antidote éternel.

Je t'embrasse fort ma précieuse enfant, ta tendre sorcière de mère qui t'aime tant.

texte écrit par 17.CCL.Anonyme17

 Humeurs de la Marquise

Grignan,aux premières giboulées de Mars 2020

     Très chère cousine et tendre amie,
   Sans doute aurez-vous été surprise de recevoir ma missive portée par un courrier à cheval mais il faut que je vous conte l'extravagante situation dans laquelle nous sommes plongés et qui suscite les plus vifs émois.
   En ce début de la quatrième année après l'avènement de notre estimé roi Emmanuel, alors que nous pensions continuer à jouir de la sollicitude de nos bonnes fées,s'est produit un événement des plus surprenants:nos dames protectrices, garantes du bon fonctionnement de toutes choses, ont pris l'initiative diversement appréciée de cesser toute intervention bienveillante, et j'ose à peine
employer l'abominable expression, elles se sont mises en grève.
    Notre souverain ayant fait part malencontreusement de son projet d'apporter quelques modifications aux conditions de leur retraite,nos bienfaitrices ont rangé leurs baguettes magiques et cessé toute action bénéfique,nous livrant à nos seules ressources humaines donc fort indigentes.
    Ainsi,la fée électricité,par nature si porteuse d'énergie, nous a -t-elle privés de ses lumières et des services de bon nombre de nos chères et indispensables machines.
    Sa cousine la fée numérique a suivi,et c'est ainsi que j'ai dû recourir à la plume et exhumer mon antique encrier pour rédiger ces propos. Je vous conjure de croire que c'est une situation affreuse. A joutez à cela que les fées veillant sur nos chemins de fer sont entrées dans ce mouvement sans crier gare,mouvement générant paradoxalement une entière paralysie. La fée postale a renoncé à transmettre nos lettres et nos colis,me contraignant à recourir au service d'un porteur et de sa monture.
     La grogne a gagné les prétoires et maints jugements sont en instance. Nos fées plaideuses ont rejeté tout ensemble les obscurs desseins du souverain et leurs toges noires. Plus question de trancher le moindre litige alors qu'on ne tranchait déjà plus le col des pires scélérats.
     Le naturel l'emportant sur la politique,je ne puis blâmer ces dames qui prouvent ainsi que la féminité peut s'assortir d'une force d'âme qu'on ne lui reconnaissait pas jusqu'alors-à tort- et d'une résolution inébranlable.
     Il est indéniable que la condition de fée demande une attention permanente et soutenue,une disponibilité de tous les instants. Ajoutez à cela,pour la conformité à la tradition, la nécessité d'être d'apparence jeune,joliment faite,dotée d'une longue chevelure blonde,vêtue selon des convenances immémoriales,toutes choses induisant une impitoyable sélection au recrutement,une carrière brève et des frais professionnels conséquents.Une fée n'a pas le droit à l'erreur,sous peine de se discréditer,de semer la désillusion et d'entraîner dans son naufrage toute une corporation.
     Peut-être la reine Brigitte pourra-t-elle exercer une médiation,compte-tenu du rôle indéniablement magique qu'elle a tenu dans l'éducation de notre souverain alors adolescent autant que dans son épanouissement présent.
     En effet notre cousine bien-aimée, Madame du Crotoy, fort bien introduite dans
l'établissement d'enseignement « La Providence »,sise à Amiens et tenue par les Pères Jésuites ce qui constitue une incontestable référence ,m'a rapporté que la future Reine Brigitte y avait initié le Prince Emmanuel aux subtilités du théâtre de Monsieur Molière. La Providence n'a point cessé par la suite de prodiguer ses bienfaits à ce délicieux couple. Bien que de natures différentes, Providence et fées oeuvrent d'ailleurs dans le même domaine de la philanthropie par l'octroi de prodiges aux humains.
     Mais,très chère,là ne s'arrêtent pas nos tourments et il me vient encore des aigreurs au bout de la plume. Imaginez que me rendant au centre de notre bonne ville de Grignan je me suis heurtée,en abordant un rond-point,à une manifestation impromptue, bruyante et désordonnée,de sorcières toutes parées d'un gilet jaune. La cause de leur colère est un projet d'augmentation de la taxe sur les balais.La tradition ne permet pas en effet le co-chevauchage préconisé par les anges verts gardiens de Dame Nature et une aggravation des frais de transport réduirait les marges bénéficiaires,d'autant que de plus en plus les sorcières résident dans des territoires ruraux et lointains,mais exercent principalement en milieu urbain.
   Ajoutez à cela,selon les manifestantes, le préjudice que leur cause la concurrence d'une pratique étrangère répondant au nom de Halloween,celant de bien douteuses origines sous l'apparence plaisante de débonnaires citrouilles.
     Il n'en reste pas moins que ces cortèges me paraissent d'une incivilité parfaite et provoquent en moi des vapeurs noires.
    Ainsi donc,ma chère,notre monde est bouleversé et peut-être en viendrons-nous à devoir confier la gestion des sorts et des miracles à des créatures d'origine étrangères,djinns,elfes,kobolds et korrigans...
   Afin de prévenir tout débordement,l'autorité royale a dépêché une Compagnie Royale de Sûreté.D'aucuns reprochent à ces hommes d'armes,fiers et solides garçons,leur promptitude à arquebuser les badauds,mais ce sont là propos sans fondement.Leur capitaine,distingué gentilhomme,n'a manié comme armes à mon encontre que charme et séduction.
     Très chère cousine,j'espère pouvoir vous annoncer prochainement la fin de ces dérangements et je vous prie de recevoir mes bien affectueuses pensées.

texte écrit par 8.CCL.Anonyme8

Les mal-aimés

C’était la fin du printemps, une des journées les plus longues de l’année, le temps était clément mais encore un peu frais dans les moyennes montagnes où je vivais. En voyant le ciel ce matin là, je décidai d’aller vers les lacs qui se trouvent à deux heures de marche de ma maison. 
J’arrivai en ces lieux déserts et enchantés au cours de la matinée. Après de fortes pluies, l’endroit était très humide, les lacs étaient à leur plus haut niveau, de petites mares s’étaient formées entre les lacs donnant à ce lieu un côté un peu marécageux. 
J’étais venu observer les animaux, j’avais aussi envie de voir les fleurs, si nombreuses en cette période de l’année. Parmi les animaux, j’ai une affection particulière pour les batraciens. Les grenouilles et les crapauds me fascinent, je les trouve si beaux. Oui, même les crapauds je les trouve beaux, ils me font penser à des objets de joaillerie ancienne très travaillés, tarabiscotés et précieux. J’aime tant les crapauds que je rêve depuis longtemps d’en embrasser un. Je précise que ce n’est pas pour qu’il se transforme en prince charmant, seulement pour sa beauté et parce que ces animaux jouent souvent le repoussoir dans les contes de notre enfance, un peu par esprit de contradiction. J’avais déjà essayé d’en embrasser un, mais je n’avais pas pu l’attraper car il sautait dès que je m’en approchais.
Je m’arrêtai près d’un grand lac bleu foncé et turquoise dont les rives grouillaient d’insectes et de grenouilles coassant gaiement. Les fleurs, benoîtes, orchidées, véroniques, étalaient leurs couleurs vives et répandaient leurs odeurs subtiles ou musquées. Je remarquai une fleur que je n’avais jamais vue. Elle était mauve et rose parsemée de points blancs, de la grosseur d’un aster, elle avait dix pétales et ses feuilles avaient cinq lobes qui me rappelaient un peu les doigts d’une main. L’odeur de la fleur était à la fois enivrante et délicate. Prés de cette fleur à laquelle je donnai le nom de flora incognita, il y avait des grenouilles et des crapauds bizarrement calmes. Ils n’étaient pas comme à leur habitude sautillant et bondissant dans tous les sens, ils semblaient sous l’emprise du parfum de la fleur. Je m’approchais tout doucement, sans cacher ma présence, je ne faisais pas beaucoup de bruit mais sous mes pas quelques brindilles craquaient, indiquant que j’étais là. Les batraciens savaient qu’il y avait une présence humaine, mais rendus sereins par l’odeur de flora incognita, ils l’acceptaient. C’est ainsi que je pus réaliser mon rêve : m’approcher suffisamment près d’un gros crapaud trapu, gris et jaune, de le toucher très légèrement et de l’embrasser délicatement.
Le crapaud accepta mon baiser et n’en fut nullement métamorphosé. Il faisait gonfler son cou et me regardait de ses yeux orangés, avec un air amical. Par contre, je commençais à ressentir en moi-même les débuts d’une métamorphose, je me sentais envahie de pouvoirs magiques, je devenais une fée. Mes pieds quittèrent le sol et je m’élevai au dessus du tapis d’herbes et de fleurs de quelques dizaines de centimètres, je pus ainsi traverser le lac en lévitation. Mes bras lorsque je les dirigeais vers les animaux les faisaient s’arrêter dans leur course, ils me regardaient comme apprivoisés. Je pus m’approcher d’un renard, d’un couple de blaireaux, d’une taupe sortie de terre pour voir ce qui se passait. Je vis un serpent, et des salamandres. Le magnifique serpent était assez gros et totalement inoffensif, il s’approcha de moi, je me penchais vers lui et le touchais doucement, il se dressa, je ne le craignais pas, il ne me craignait pas. Il se faufila dans l’herbe auprès de moi, passant près de ma jambe sans que je n’éprouve la moindre répugnance, ses couleurs splendides allant du vert à l’ocre m’enchantaient.
Un peu plus loin, près de la forêt, j’aperçus le loup, la louve et trois mignons petits louveteaux, avertis par les échos des montagnes que quelque chose de magique se passait près des lacs, ils étaient venus voir la fée qui aimait les animaux. Ils s’approchèrent un peu et restèrent à une dizaine de mètres de moi, ils n’avaient pas peur, je n’avais pas peur. Ils poussèrent des grognements et des gémissements nullement effrayants, puis s’en retournèrent vers la forêt.
Toutefois, je sentais que mes pouvoirs diminuaient lentement, les animaux devenaient plus indifférents, reprenaient leurs attitudes habituelles, le sol restait sous mes pieds. Je compris que j’avais été une fée temporairement, que j’étais en train de retourner à mon état normal, d’humain banal.
Je songeai donc à regagner le village, le soir arrivait. Je pensais que je pourrai revenir quand je voudrais renouveler cette expérience fantastique.
Malheureusement, je ne pus pas retourner près des lacs les jours suivants, j’étais bêtement empêtrée dans des affaires humaines qui m’absorbaient inutilement alors que les lacs, les fleurs et les animaux m’attendaient.
Quand enfin je pus retourner dans cet endroit secret, dont je ne vous révélerai pas l’emplacement sur une carte IGN, la flora incognita avait fané, je ne retrouvais plus que quelques unes de ses feuilles recroquevillées. Les batraciens n’étaient plus sous le charme de son parfum. Il était trop tard, je ne pouvais plus redevenir une fée pour quelques heures.
Je regrettais énormément de ne pas pouvoir revivre cette journée merveilleuse, car je l’avais réellement vécue, j’étais bien sûre de ne pas l’avoir rêvée, ni inventée. Je me disais : « Peut-être, l’année prochaine quand la fleur refleurira je pourrai grâce au crapaud retrouver mes pouvoirs de fée. »
Puis, je me consolais. J’avais vécu une expérience extraordinaire, pendant une journée j’avais été l’amie des animaux mal-aimés, de ceux qui inspirent l’aversion et le dégoût, de ceux que nos contes maltraitent, de ceux qui effraient. Je pouvais témoigner maintenant et dire qu’ils sont merveilleux, prodigieux et enchanteurs.

texte écrit par 6.CCL.Anonyme6

Nécessité

Je voudrais qu’une fée chaperonne la terre
Et que mille sorcières sermonnent les humains
Pour leur dire : Cessez de gâcher de vos mains
L’énorme potentiel de notre pied-à-terre.

Je voudrais qu’une fée soulage la colère
Des peuples humiliés, bousculés, inondés,
Et que mille sorcières faisant sonner leurs dés
Calment les eaux du ciel, évitant la galère.

Je voudrais qu’une fée, bienveillante et joyeuse,
De sa baguette ailée recadre l’avenir
Et que mille sorcières ne pensant qu’à s’unir
Evitent aux vivants toute idée larmoyeuse.

Je voudrais qu’une fée s’immisce dans la tête
Des puissants de ce monde et leur dise d’agir
Pour conserver la fleur, la forêt, l’élargir,
Et qu’avec la nature on reste en tête-à-tête.

J’appelle les sorcières, les lutins et les fées
A danser dans les airs, à nous faire rêver
Car la terre est si belle qu’il faudrait la sauver
Pour que dansent les fleurs et que vivent les fées.

texte écrit par 3.CCLAnonyme3.

  1. Du rififi à la Pépinière
  2. Nécessité
  3. Les mal-aimés
  4. Humeurs de la Marquise
  5. Ma petite fée
  6. Marfa la Chamane
  7. Le début d'une histoire
  8. La suprême magie

La semaine DL&V risquant d'être reportée, voire annulée, nous vous proposons 8 textes qui ont retenu l'attention du Jury. Parmi eux se trouvent les 3 Lauréats. Saurez vous les trouver?

 Vous pouvez, après lecture, donner votre appréciation sous forme d'un vote "étoilé"; cela permettra de confronter ensuite vos ressentis avec ceux du jury. Bonne découverte.

Du rififi à la pépinière.

Depuis les roues lancées à pleine vitesse jaillit une lueur stroboscopique scandée par les rayons qui reflètent le soleil naissant. La bande de caoutchouc qui se déroule sur le bitume émet un doux feulement animé par de subtiles variations. Le son tout d’abord attire l’attention qui se propage à la trottinette vibrante de ses noirs brillants, puis tout de suite la contamination s’enclenche sur la personne qui la pilote.
Une belle jeune femme tout de noir vêtue, cramponne sa rectitude hautaine au guidon de sa monture. Brillantes chaussures hautes à semelles compensées, collants satinés qui s’enfuient sous une jupe droite au dessus du genou, blouson de cuir sans fioriture à col droit fermé jusqu’en haut, chevelure noire de geai, raide, mi-longue qui est à peine déplacée par la vitesse. Elle est couverte d'une sorte de chapeau de feutre noir, en cloche évasée légèrement repoussée vers l’arrière. Il laisse apparaître un visage inexpressif aux lèvres rehaussées par une couleur sombre nuancée de rouge, et d’un regard bleu éclatant incrusté dans des paupières bleu nuit.
Cette vision irréelle se perçoit toute entière dans les quelques secondes que dure son passage. Elle interpelle, elle étonne, elle inquiète, et elle s’oublie doucement comme s’effacent les ondes de l’eau. 
- « Ha, j’adore cet engin. C’est quand même une belle invention. On pourrait croire que c’est une vraie trot’ électrique, mais il n’y a pas de batterie. Nous on n’en a pas besoin. Il suffit d’insérer sa baguette dans un orifice spécifique et c’est bon. Moi j’utilise des baguettes de resto chinois, c’est le plus facile à trouver et c’est pas cher. Mais il y a un vrai moteur quand même. Il faut juste faire attention à ne pas aller trop vite car elle est débridée. On peut même décoller un peu si on veut, mais vaut mieux éviter c’est pas discret. C’est vrai, mais c’est plus discret que les balais de nos vieilles. On n’osait plus s’en servir alors on restait enfermé, ce qui nuisait bien à l’activité. Ça c’est un modèle que j’ai commandé sur la toile (enfin, notre toile) directement aux States, chez un petit fournisseur de Salem, une start-up qui s’appelle « swift ». C’est le « swifter WM », pour femme, taille M, passe-partout, efficace, innovant, un vrai régal ! ». 
Arrivant du sud, elle dévale la pente, ralentit au passage de la piscine, accélère devant le stade, dévore la contre-allée, plane aux croisements, et franchit rapidement Porte-Colombe où elle se perd dans les ruelles. 
- « C’est pénible ça, on a beau être auto-entrepreneur, on ne peut pas faire ce qu’on veut. Mon look par exemple, je préférerais de beaucoup être en jean, tee-shirt et doudoune. Mais non, il faut être en noir strict. Alors j’ai adapté. Juste limite pour ne pas être sanctionné par la boite. Aujourd’hui c'est le style gothique-classe, si c’est possible. Et j’aime bien les réactions que ça provoque aux passants. ». 
Tout à l’heure vers le stade, elle filait devant un groupe matinal de joueurs de boules. Un de ces vieux intercepte du coin de l’œil cette noire vision. En charentaise et casquette avachie, il la suit du regard, boule en main, geste du lanceur ébauché, et mâchoire décrochée. Aussitôt, brisant sa patience coutumière, un autre joueur l’a pris à parti, l’a interpellé, bousculé, et vertement agressé. Journée mal démarrée. Les lèvres pourprées de sombre se sont finement ourlées d’un léger sourire de modeste triomphe.
Désormais, le bolide surmonté de sa statue de froideur, slalome devant la cathédrale, atteint la place et s’arrête brièvement contre la fontaine devant la vieille piscine. Un regard de faucon balaie les alentours sans rien y trouver d’intéressant. Elle repose les pieds sur la plate-forme et repart en longeant le café. 
- « Aujourd’hui il n’y a rien sur cette place, c’est pas comme le mercredi. Mon job, c’est de perturber les relations entre les gens, à l’extérieur. J'ai des collègues qui s'occupent des rapports dans les couples. Il n'y a pas grand chose à faire, ça part tout seul. J'en ai d'autres qui interviennent dans le travail. Là aussi, les conditions aident bien. Mais moi c'est au dehors, c'est marrant, toujours renouvelé et je suis au grand air. »
Elle est en retard, pas le temps de s'arrêter, enfile les sombres ruelles et places claires, pleines de passants et de bistrots. Aux carrefours, elle retrouve la circulation en y mettant joyeusement un peu de stress et file vers le parc où elle s'immerge au cœur de sa matière première. Docile, malléable, réactive, ça part au quart de tour, c'est presque trop facile. 
Là, on est sur du sérieux : les grand-mères et leur petits-enfants, les nounous avec les bambins, les jeunes qui se croient amoureux et aussi les pères divorcés avec leurs chérubins. Le top ! 
- « Ça y est, je suis sur place, je m'installe d'abord près des jeux. A l'inverse des réseaux sociaux, la trace de mon passage ne reste pas en mémoire. Tranquillement, j'analyse un peu les gens, l'ambiance, je planifie mes interventions, je sélectionne mes outils, et je me concentre. Avec l'expérience, j'ai acquis tout une gamme d'ondes que j’envoie vers mes cibles. Par exemple avec les enfants je donne une soudaine envie de faire pipi irrésistible, ou mieux encore, caca. Et ça finit par une culotte souillée, ou par une recherche urgente de toilettes sales et odorantes en laissant un autre enfant tout seul. Il y a les nounous qui bavardent activement pendant que j’envoie leur bambin promener derrière les buissons et qui se rendent compte trop tard qu'il en manque un. Je distrais les papas derrière leurs lunettes de soleil, trop concentrés sur l'équipe ou absorbés par leur smartphone qui n'entendent pas leur petit chéri se battre pour un jouet, qui ne voient pas le sable envoyé dans les yeux d'un autre et se font agresser par d'autres parents. J'incite la jeune fille aux cheveux colorés à croire que son petit ami sous sa casquette de base-ball mate une jolie baby-sitter. Elle l'engueule, elle le frappe et s'éloigne drapée dans sa fierté outragée tandis qu'il tente en vain de se défendre. C'est aussi la grand-mère angoissée qui agresse un grand-père qu'elle imagine pétri de mauvaises intentions à l'égard de sa petite, alors qu'il est simplement sourd et miro.
Bref, je pianote en experte dans mes partitions, je fais des arpèges, je les combine pour démultiplier les effets. Alors dès que j'ai mis une ambiance qui s'entretient toute seule, je change de terrain de jeux car j'ai des objectifs à atteindre. Je dois rendre des comptes, et il ne faut pas que je traîne si je veux remplir mon quota. Après seulement, je pourrais travailler pour mon compte, au noir. 
Allez on commence. La journée va être chaude. Il y en a qui vont pleurer, et moi je vais bien rigoler ... ».

----------------Texte de 2.CCL.Anonyme2

DLV2020 affiche courtlet

 La 6è édition du festival "Des Livres&Vous" se déroulera
du 4 au 10 avril 2020 sur le thème:

"Fées sorcières et compagnie"

la date limite de dépôt des oeuvres littéraires à présenter
lors du concours "Court-lettrage" est fixée au
4 mars 2020

N'hésitez pas à prendre contact avec Luciane Brunner, volontaire en service civique sur cette mission. Vous pouvez la joindre du lundi au jeudi à l'UTL en appelant 04 92 51 38 94.

 Consulter le règlement du concours 

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