Sous les eaux du lac

 

Le principe est tout simple : on construit un barrage qui ferme une vallée, laquelle est dépouillée de toute présence humaine antérieure, villages, bâtiments, lignes électriques etc...
Puis quand tout est vide, on remplit la grande cuvette ainsi préparée avec l'eau de la rivière qui la traverse et le tour est joué : on a un beau barrage hydroélectrique qui va produire ses mégawatts pour alimenter la grande nation avide d'énergie.

Ainsi en fut-il avec la création du lac de Serre-Ponçon qui, depuis 1959, se remplit chaque printemps à la fonte des neiges et se vide progressivement à partir de l'été pour irriguer le bassin de la basse Durance et la plaine de la Crau tout en régulant le cours de la Durance

L’hiver, le lac à son étiage , laisse apparaître les soubassements des maisons démolies ainsi que les tracés des anciens ponts, routes et chemins. Les piles hautes sur pattes du grand pont qui le traverse laissent passer la Durance qui a regagné son ancien lit.

Ce qui est pittoresque à parcourir en promenade inattendue sur le fond du lac asséché est aussi douloureux au cœur des Savinois qui ont vu leur village et leur église démolis après qu'on les ait expropriés.

L'hiver 2017-2018 a battu tous les records de basses-eaux. Certaines parties d'une voie ferrée et notamment les entrées d'un tunnel ont resurgi et beaucoup de promeneurs ont pu prendre des photos insolites des lieux découverts.

Témoin ce reste de camion oublié depuis des décennies sous les eaux du lac : il ne reste que quelques parties du moteur, une colonne de direction et un grand volant, rouillés et corrodés. Mais une certaine émotion se dégage de ce tas de métaux, qui fut un véhicule et qui a du parcourir de nombreux kilomètres dans la vallée d'autrefois.

Monique E